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Photo du rédacteurChloé Dépré

La glace

Quand on vous dit Antarctique vous y pensez sûrement. La glace ici est omniprésente. La plus intéressante est celle de Tony, notre papâtissier (une bonne glace vanille meringuée, pistache choco ou cerise griotte).

Sinon, il y a la banquise et les icebergs. Pour que tout le monde soit clair, nous allons déjà faire un point sur la différence entre ces deux, parce que oui, ce n’est pas la même chose.

Un iceberg c’est un bout de glacier qui se détache, on dit que le glacier vêle. Le glacier se forme sur les terres suite à l’accumulation de neige. Ces accumulations sont au passage très faibles sur le continent, l’air est sec et les précipitation limitées. Pour faire simple, l’Antarctique c’est un gros dôme de glace, un glacier géant de plusieurs kilomètres d’épaisseurs (jusqu'à 3 km) sous lequel se cache un continent. Cette glace s’écoule lentement, très lentement… vers le bord du continent. Cela forme des glaciers qui finissent forcément les pieds dans l’eau. Ici, c’est l’Astrolabe qui nous fournit en icebergs, de tailles et de formes variables (nommé comme le bateau brise-glace, pas très inspirés les pionniers). Ils font des dizaines à des centaines de mètres pour la plupart. On peut en trouver un peu plus loin de la base de plusieurs kilomètres carrés. Ils restent parfois dans la zone plusieurs années, pris dans les courants d’air et d’eau. Ils fondent incroyablement lentement vu que l’eau est toujours sous la barre des 0°c et l’air pas beaucoup plus chaud (Il suffit de s’y baigner pour s’en rendre compte!).


Icebergs

Le Glacier

La banquise c’est de l’eau de mer qui gèle pour former une plaque. Cette banquise est très variable en surface d’une année sur l’autre sur une période équivalente. Cette année sur la première rotation du bateau on a pu venir presque à quai à la base alors que l’année dernière il avait fallu prendre l’hélico pour décharger les passagers et le matériel. Cela faisait presque 10 ans qu’il n’y avait pas eu si peu de banquise. C’est magique de pouvoir « marcher sur l’eau » et se dire que parfois sous nos pieds il y a plusieurs dizaines de mètre de profondeur (parfois même plus). C’est pas toujours rassurant les premières fois, le temps de s’habituer, parce qu’avec plus d’un mètre d’épaisseur sur la plupart des endroits, il n’y a pas trop de soucis à se faire, on peut même passer en véhicule sans soucis. Quand la banquise fond en surface on retrouve des morceaux d’algues ou d’éponges qui ont été pris dans la glace à certains endroits. A d’autres endroits, il y a les phoques qui font leur sieste et qui parfois ronflent autant que mon père (et pourtant, il y a du niveau!).

Cette banquise on s’en sert beaucoup pour aller d’île en île à pied. On peut donc en toute autonomie aller faire des comptages, contrôler des pontes, baguer des oiseaux sans avoir besoin du bateau ni de l’hélico. Enfin ça c’est surtout pour les ornithos, les autres personnes vont très peu sur les îles alentours parce qu’elles sont en accès réglementés et que nous sommes les seuls à y être autorisés. Ces dernières semaines c’est plus compliqué. La banquise fond, autant dessus que dessous. Quand c’est dessus ça va, ça se voit donc on peut contourner. L’inverse est moins évident, ça devient inquiétant quand ça sonne creux sous vos pieds (pas plus tard qu’hier nous sommes passés sur une zone en se disant que ça devenait plus que limite. Ce matin cette partie est en eau, on aurait pu prendre un bon bain de pied à une journée près). Après, la fonte joue assez peu dans les départs de banquise, souvent c’est dû à la houle couplée au vent : La houle force et fracture la banquise, même les morceaux les plus épais qui dépassent les 8 m d’épaisseurs. Le vent fini le travail en créant des courants qui emmènent la partie détachée ou en la poussant vers l’extérieur. Les semaines d’avant on arrivait encore à zigzaguer entre les souilles (des mares de fontes) et les zones instables. Cela change du début de campagne où l'on pouvait se faire le chemin le plus rapide entre deux points : la ligne droite. La situation actuelle elle n’est pas hyper pratique. On ne peut pas y aller à pied ni en bateau. Mais bon, c’est le jeu de la nature ici alors on profite de voir le paysage changer en permanence avec de plus en plus de mer autour de l’île et des plaques de banquises accompagnées d’icebergs se déplacer un peu partout.

J’en profite de ma lancée pour vous mettre un bonus : le pack. Ce qu’on appelle le pack c’est une ceinture de morceaux de banquise et d’iceberg qui entourent des zones géographiques de différentes échelles. C’est surtout là que les brise-glace circulent ici. Parce que casser de la banquise complète ce n’est pas toujours évident même avec un gros bateau. Alors, avec notre petit brise-glace on se faufile entre les plaques et on casse celles pas trop épaisses en travers du chemin. Devant ça pousse et derrière il y a un grand sillon qui se referme doucement après notre passage.

Sillon derrière astrolabe le soir

A gauche le continent avec les glaciers qui donnent les icebergs et à droite le pack

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